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Lesarchives par sujet : olivier allain. 12 3 4 5 Suivant Allain 54170, Meurthe-et-Moselle, Grand Est 470 .hab ÉvĂ©nements autour de Allain Annonces autour de Allain Agenda Allain Annonces Allain (emploi, entreprises Ă  reprendre, locaux pro) Allaines 80200, Somme, Hauts-de-France 439 .hab ÉvĂ©nements autour de Allaines Annonces autour de Allaines Agenda Letrain de la vie – Jean d’Ormesson Un poĂšme magnifique de Jean d'Ormesson, qui donne du sens Ă  la vie, aux rencontres, au pardonUne invitation Ă  vivre Jevous propose de commencer la journĂ©e avec ce texte inspirant de Jean d'Ormesson ! « À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă  une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage Au fur et Ă  mesure que le temps passe, Discoursde rĂ©ception de Jean d'Ormesson, le 6 juin 1974. Discours prononcĂ© Ă  l’occasion de l’inauguration de la plaque apposĂ©e sur la demeure d'Henry de Montherlant, le 21 avril 1975. RĂ©ponse au discours de rĂ©ception de Marguerite Yourcenar, le 22 janvier 1981. RĂ©ponse au discours de rĂ©ception de Michel Mohrt, le 27 fĂ©vrier 1986 Nouspartageons avec vous ce sublime poĂšme ‘le train de ma vie’ de Jean d’Ormesson que notre Ă©quipe de l’Optimisme, mĂ©taphore de Site De Rencontre 100 Pour 100 Gratuit Et SĂ©rieux. La vie ne se mesure pas aux respirations que nous avons prises, mais aux moments qui nous ont coupĂ© le souffle. Ce sont des moments qui nous figent sur place. Qui nous laissent sans voix, complĂštement stupĂ©faits. Des instants que nous vivons intensĂ©ment et qui nous coupent la sont des petits riens qui changent notre vie, qui nous font fermer les yeux et nous sentir vivants. Des moments que vous avez forcĂ©ment connus et durant lesquels vous vous ĂȘtes pincĂ©s pour savoir si vous Ă©tiez vraiment en train de vivre un moment n’est pas un rĂȘve, vous y ĂȘtes arrivĂ©, et vos efforts en valaient la peine. Certains pensent que ces moments sont dus Ă  la chance, d’autres les attribuent Ă  la gardez Ă  l’esprit que l’important est de vivre ces moments, car ils changent la direction du train de la vie. La vie est faite de petits momentsC’est grĂące Ă  ces moments que vous pouvez Ă©valuer si le fait de vivre de maniĂšre sensĂ©e en vaut la peine ou si, au contraire, vous ĂȘtes en train de vous quai du train de votre vie n’a rien de plus Ă  vous offrir. Ne vous laissez pas mourir, et montez dans votre wagon !DĂ©tendez-vous et faites des erreurs, n’essayez pas d’ĂȘtre parfaits. Prenez les choses avec plus de lĂ©gĂšretĂ©. Prenez plus de risques, voyagez plus. Escaladez des montagnes, nagez dans des riviĂšres. Allez dans des endroits dans lesquels vous n’ĂȘtes jamais allĂ©. Vivez davantage, et cessez de vous prĂ©occuper pour des petites choses. N’alourdissez pas votre vie de mesures de sĂ©curitĂ©, et profitez-en pour vivre plus intensĂ©ment chaque jour de votre dans la vie, vivez plus intensĂ©ment et profitez des moments qui vous coupent le souffle. Le train de la vie “Vivons d’une maniĂšre telle que, lorsque le moment de dĂ©barquer sera arrivĂ©, notre siĂšge vide donnera de bons souvenirs aux personnes qui continueront Ă  voyager dans le train de la vie.”La vie est comme un voyage en train. Avec ses stations et ses changements de voie, ses accidents, ses surprises agrĂ©ables, ses profondes tristesses, notre naissance, nous montons dans le train accompagnĂ©s de nos parents, et nous pensons qu’ils voyageront toujours Ă  nos cĂŽtĂ©s. Mais il arrive un jour oĂč ils descendent Ă  une station, nous laissant seuls pour continuer le voyage. Nous nous retrouvons alors sans leur compagnie, sans leur amour de nombreuses autres personnes, trĂšs importantes pour nous, vont monter dans le train de notre vie. Nos frĂšres, nos sƓurs, nos amis et, Ă  un moment de notre existence, l’amour de notre prendront le train pour effectuer un court passage. D’autres, durant leur voyage, passeront par des moments d’obscuritĂ© et de tristesse. D’autres encore passeront leur trajet Ă  venir en aide Ă  ceux qui en ont le plus sont ceux qui laisseront un vide Ă©norme en descendant du train. D’autres seront tellement passĂ©s inaperçus que l’on se rendra Ă  peine compte qu’ils ont quittĂ© leur siĂšge.“La vie est telle une piĂšce de théùtre, mais sans rĂ©pĂ©titions. Alors chantez, pleurez, dansez, riez et vivez avant que le rideau ne se ferme et que la piĂšce ne se termine sans applaudissements.” Charlie ChaplinIl est curieux de voir que certains passagers, des ĂȘtre chers, changent parfois de wagon, et se retrouvent loin de nous. Pendant une partie du trajet, nous sommes sĂ©parĂ©s d’eux, sans pouvoir entrer en contact avec eux. Mais, en rĂ©alitĂ©, rien ne nous empĂȘche de nous rapprocher d’eux, si nous faisons preuve de bonne volontĂ©. Si nous arrivons trop tard, rien de grave, il y aura sĂ»rement une autre personne dans ce wagon qui fera le voyage avec voyage continue, plein de dĂ©fis, de rĂȘves, de fantaisies, de joies, de tristesses, d’espoirs et de nouveaux dĂ©parts Il faut essayer de garder une bonne relation avec tous les passagers de notre train, en cherchant chez chacun d’eux, ce qu’ils ont Ă  nos certains moments du trajet, ils rencontreront des difficultĂ©s, et nous aurons parfois du mal Ă  les comprendre. Mais, n’oubliez pas que nous aussi nous titubons parfois, et nous avons toujours besoin de quelqu’un pour nous grand mystĂšre du voyage, est que nous ne savons jamais Ă  quelle station nous allons descendre. Nous ne savons pas non plus oĂč descendront nos compagnons de voyage, et qui viendra les remplacer sur le siĂšge Ă  cĂŽtĂ© de nous, dĂ©sormais pensons parfois au moment oĂč nous allons devoir descendre du train. Nous ressentons de la nostalgie, de la peur, de l’ ne voulons pas quitter nos amis, et laisser nos enfants seuls. Mais il faut garder l’espoir que nous les reverrons, sur le quai d’une gare, avec une grande valise qu’ils n’avaient pas au moment de commencer leur qui doit nous rendre heureux, est de penser que nous avons collaborĂ© Ă  tout cela, et que c’est grĂące Ă  nous que ce train arrivera Ă  son de notre voyage en train quelque chose de beau, quelque chose qui en vaille la peine. Bon voyage ! Home»Editos»Jean d’Ormesson aimait la vie et le vin 2017-12-09 Nous tenons Ă  rendre hommage Ă  Jean d’Ormesson. Il est difficile d’ĂȘtre triste tant son esprit lumineux et son regard rieur considĂ©raient la mort avec philosophie. Il portait avec Ă©lĂ©gance la culture française et les humanitĂ©s, dont il tirait profit pour bĂątir une rĂ©flexion politique sage, modĂ©rĂ©e, Ă©clairĂ©e. Il aimait la vie et le vin ! Rien n’est plus proche de l’absolu qu’un amour en train de naĂźtre. » Jean comte d’Ormesson, prince des lettres The Author Vladimir Kauffmann Vladimir Kauffmann est Ă©diteur et directeur de la rĂ©daction de la RVI AprĂšs des vendanges et des vinifications miraculeuses Ă  PĂ©trus en 1995 et une carriĂšre en banque d’affaires Ă  Londres, Singapour, GenĂšve et Paris, il revient Ă  ses premiers amours et reprend la RVI en 2010. PassionnĂ© de voyages et de toutes les rĂ©gions viticoles, Vladimir a un regard pĂ©tillant sur les vignobles français et Ă©trangers et sur la distribution et l’export. Retrouvez la chronique internationale de Vladimir Kauffmann dans l’émission "In Vino" sur BFM Business et sur Dans ce texte, Jean d’Ormesson prend l’image d’un train pour parler de la vie et des grands Ă©vĂ©nements qui la rythment. A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă  une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage
 Au fur et Ă  mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et ils seront importants notre fratrie, amis, enfants, mĂȘme l’amour de notre vie. Beaucoup dĂ©missionneront mĂȘme l’amour de notre vie et laisseront un vide plus ou moins grand. D’autres seront si discrets qu’on ne rĂ©alisera pas qu’ils ont quittĂ© leurs siĂšges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’au-revoirs et d’adieux. Le succĂšs est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mĂȘmes. On ne sait pas Ă  quelle station nous descendrons. Donc vivons heureux, aimons et pardonnons ! Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train, nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs a ceux qui continuent leur voyage
 Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’ĂȘtre un des passagers de mon train. Et si je dois descendre Ă  la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec toi ! » Jean d’ Ormesson DĂ©cĂ©dĂ© en dĂ©cembre 2017, Jean d'Ormesson repose dĂ©sormais dans un endroit qu'il affectionnait particuliĂšrement, comme le rĂ©vĂšle sa veuve dans les colonnes de Paris 5 dĂ©cembre prochain, cela fera dĂ©jĂ  un an que Jean d'Ormesson est mort. Dans les colonnes de Paris Match, son Ă©pouse Françoise BĂ©ghin se confie Ă  cƓur ouvert sur leur relation et les derniers instants de l'AcadĂ©micien. S'il a toujours vĂ©cu sa vie comme il l'entendait, Jean d'Ormesson a Ă©galement choisi l'endroit oĂč il allait reposer. Ensemble, ils en avaient parlĂ© il y a dĂ©jĂ  quelques annĂ©es. "Je lui ai demandĂ© s'il Ă©tait d'accord pour que ces cendres soient dispersĂ©es Ă  Venise, devant la Douane de mer", s'est souvenue sa faut dire que cet endroit avait une place particuliĂšre dans le cƓur de Jean d'Ormesson. "Nous y allions, au printemps, depuis toujours, a avouĂ© Ă  Paris Match Françoise BĂ©ghin. Il m'a rĂ©pondu 'Comme tu voudras'. Alors, en janvier dernier, nous l'avons accompagnĂ© pour son dernier voyage, devant la Douane de mer". De son vivant, l'AcadĂ©micien vouait une admiration sans borne Ă  l'Italie et plus particuliĂšrement Ă  la CitĂ© des cet entretien Ă  Paris Match, Françoise BĂ©ghin est Ă©galement revenue sur les derniers instants de son mari durant 55 ans. "L'avant-veille, Jean n'Ă©tait pas trĂšs en forme. Il n'est pas arrivĂ© Ă  faire son Sudoku, raconte-t-elle Ă  nos confrĂšres. HĂ©loĂŻse leur fille, NDLR est venue dĂ©jeuner. Elle Ă©tait plus inquiĂšte que moi". Quelques heures plus tard, "il a voulu aller dans la salle de bains, explique la veuve de Jean d'Ormesson. Il m'a demandĂ© de l'aider, je l'ai portĂ©. Il est tombĂ© dans mes bras. Un infarctus foudroyant." EtĂ© 2012, sur sa terrasse de Saint-Florent, en Corse, avec Jean-Marie Rouart. © Kasia Wandycz 22/09/2013 Ă  0845, Mis Ă  jour le 05/12/2017 Ă  0813 Le plus ouvert des patriarches de la littĂ©rature française Ă©tait aussi le plus secret. Pour son ami Jean-Marie Rouart, il avait tombĂ© le masque en 2013. Jean-Marie Rouart. Vous ĂȘtes un phĂ©nomĂšne atypique dans la sociĂ©tĂ© d’aujourd’hui, qui pourtant ne cesse de vous fĂȘter, alors que socialement, culturellement, politiquement vous incarnez l’élite de l’élite et semblez en rupture avec elle. Etes-vous une exception dans l’exception française ? Jean d’Ormesson. Je crois profondĂ©ment Ă  l’égalitĂ© entre les ĂȘtres humains. J’ai eu de la chance dans la vie. Quand j’étais jeune, le mot â€œĂ©lite” me faisait rire et le seul mot de “rĂ©ussite” me paraissait louche. Il me semblait qu’il y avait mieux Ă  faire que de “rĂ©ussir”. La rĂ©ussite m’a rattrapĂ©. J’y attache trĂšs peu d’importance. Ce qui compte, pour moi, ce sont les livres. Cette sociĂ©tĂ© actuelle vous l’aimez, bien qu’elle semble si diffĂ©rente de vous ? J’ai souvent enviĂ© le sort de ceux qui vivaient Ă  AthĂšnes au temps de PĂ©riclĂšs. Mais le siĂšcle de PĂ©riclĂšs, entourĂ© de tant de gĂ©nies, est aussi l’époque de l’effroyable guerre du PĂ©loponnĂšse. La sociĂ©tĂ© d’aujourd’hui manque sans doute de hauteur, de grandeur et de sens du prochain. En France, surtout, et en Europe, nous ne vivons pas une grande Ă©poque de l’Histoire. Je m’arrange de ce temps qui, comme par un miracle toujours renouvelĂ© et en dĂ©pit de ce que nous appelons le “progrĂšs” – et je suis de ceux qui y croient –, n’est pas meilleur que les autres. Mais pas pire non plus. Une sorte de moyenne et de mĂ©diocritĂ©. La suite aprĂšs cette publicitĂ© Qu’apprĂ©ciez-vous le moins en elle ? L’imposture, relayĂ©e le plus souvent par la mode et Ă©levĂ©e Ă  la hauteur d’un sport national. J’ai souvent le sentiment qu’en politique, en art, en littĂ©rature, dans la vie quotidienne, on veut nous faire prendre les vessies pour des lanternes. La suite aprĂšs cette publicitĂ© Etes-vous favorable au mariage pour tous ? Je suis pour l’extension aux homosexuels de la quasi-totalitĂ© des droits civiques, moraux, matĂ©riels, financiers qu’ils rĂ©clament Ă  juste titre. Ma rĂ©serve Ă  l’égard du “mariage pour tous” – quelle formule ridicule ! – est purement grammaticale. Les mots ont un sens. Le terme “mariage” a un sens prĂ©cis. Il aurait fallu, comme en Allemagne, trouver un autre nom. ConsidĂ©rez-vous qu’il faille punir la Syrie ? Je crois qu’il est inutile et qu’il ne convient pas d’ajouter encore au malheur des Syriens. Je suis horrifiĂ© par Bachar El-Assad et, en mĂȘme temps, sceptique sur les forces qui pourraient le remplacer elles me paraissent trĂšs proches de celles que nous avons combattues en Afghanistan et au Mali. La suite aprĂšs cette publicitĂ© La suite aprĂšs cette publicitĂ© Vous aimiez beaucoup Mitterrand, vous Ă©tiez trĂšs favorable Ă  Sarkozy. Que pensez-vous de Hollande ? Hollande a pour lui une faible majoritĂ© Ă  l’AssemblĂ©e nationale et au SĂ©nat. Et il a contre lui une forte majoritĂ© de Français, excĂ©dĂ©s par les impĂŽts, par les promesses non tenues, par l’insĂ©curitĂ©, par le laxisme de la Place VendĂŽme et par l’incohĂ©rence et les perpĂ©tuels louvoiements du Ă©voquez votre famille dans votre dernier livre. Celui dont vous parlez le moins, c’est votre pĂšre
 J’ai beaucoup parlĂ© de mon pĂšre, rĂ©publicain, dĂ©mocrate, jansĂ©niste, dans mes livres prĂ©cĂ©dents. Nos relations Ă©taient tendres et confiantes. Mais mon pĂšre est mort persuadĂ© que j’étais un voyou. Ma conduite, l’idĂ©e que je me faisais des plaisirs de l’existence et des moyens pour y parvenir et, surtout, un Ă©pisode de ma vie sentimentale l’ont dĂ©sespĂ©rĂ©. C’est un remords dont j’ai parlĂ© dans “Qu’ai-je donc fait”. Avez-vous reçu des gifles ? Des fessĂ©es ? Les fessĂ©es m’étaient donnĂ©es – dans les cas les plus graves, avec une brosse Ă  cheveux – par ma gouvernante allemande que j’adorais et qui s’appelait Lala. Ni mon pĂšre ni ma mĂšre n’ont jamais levĂ© un doigt contre moi. Une fois, pourtant, j’ai reçu une gifle – assez douce – de mon pĂšre. C’est mon souvenir le plus ancien. Je dois avoir 6 ans. Je suis au balcon de la lĂ©gation de France Ă  Munich lorsque je vois passer, sous des drapeaux rouges frappĂ©s d’une sorte de croix noire et bizarre sur un centre blanc, un cortĂšge de jeunes gens qui chantent – trĂšs bien – sous les applaudissements de la foule. Je me mets Ă  applaudir moi-mĂȘme. Et mon pĂšre me flanque une claque. En avez-vous donnĂ© Ă  votre fille, HĂ©loĂŻse ? Avez-vous Ă©tĂ© un bon pĂšre ? Ai-je Ă©tĂ© un bon pĂšre ? J’ai pour ma fille une tendre affection septembre et mĂȘme de l’admiration. Mais je crains d’avoir Ă©tĂ© un pĂšre guettĂ© par le narcissisme et plus prĂ©occupĂ© de mes manuscrits que de ma fille, entiĂšrement Ă©levĂ©e par une mĂšre digne de tous les Ă©loges. Je n’ai Ă©videmment jamais donnĂ© de fessĂ©e Ă  ma fille. Dans votre livre, vous Ă©voquez le chĂąteau de Saint-Fargeau. Vous-mĂȘme, vous sentez-vous aristocrate ? La gĂ©nĂ©alogie, les quartiers de noblesse, ça vous intĂ©resse ? La rĂ©ponse aux deux questions est non. Cela dit, je suis fier de ma famille. Il s’agit simplement, dans les limites du possible, de ne pas en ĂȘtre trop image, votre lĂ©gende, c’est le bonheur, un insolent bonheur. Pourtant, vous avez bien dĂ» connaĂźtre des moments douloureux. “Il est indigne des grandes Ăąmes de faire part des troubles qu’elles Ă©prouvent.” Je ne suis pas une “grande Ăąme”, mais je pense sur ce point comme Vauvenargues."L’idĂ©e de la mort ne m’occupe pas tout entier. Je l’ attends avec une humble espĂ©rance" De Gaulle a connu plusieurs fois la tentation du suicide. Et vous ? Je fais profession d’aimer la vie. Merci pour les roses et merci pour les Ă©pines. Avez-vous eu le sentiment d’ĂȘtre trahi ? Quand ? A quelle occasion ? Je n’ai jamais eu le sentiment d’ĂȘtre trahi par qui que ce soit. Ou alors, j’ai oubliĂ©. Vous ĂȘtes-vous jamais senti coupable ? Je passe la moitiĂ© de mon temps Ă  me sentir coupable. Et l’autre moitiĂ© Ă  oublier que je le suis. Vous avez la rĂ©putation d’ĂȘtre oecumĂ©nique et gentil. Vous est-il arrivĂ© d’ĂȘtre cruel ? MĂȘme les gentils ont leurs cruautĂ©s. Ne jamais souffrir ou rarement, n’est-ce pas ĂȘtre armĂ© pour faire souffrir les autres ? Je dĂ©teste la souffrance. Pour les autres comme pour moi. J’essaie de lutter – souvent sans succĂšs – contre l’égoĂŻsme et le narcissisme frĂ©quents chez les Ă©crivains. Pensez-vous Ă  la postĂ©ritĂ© ? Je vis au prĂ©sent. Demain est un autre jour. Je ne sais plus qui disait “Pourquoi ferais-je quelque chose pour la postĂ©ritĂ© ? Elle n’a rien fait pour moi.” De temps en temps, je rĂȘve d’un jeune homme ou d’une jeune fille qui, trente ans aprĂšs ma mort, tomberait sur un de mes livres. Vous avez eu un ancĂȘtre rĂ©volutionnaire, Lepeletier de Saint- Fargeau, qui a votĂ© la mort de Louis XVI ; quelle est votre part rĂ©volutionnaire ? Il y a Ă©videmment des liens entre littĂ©rature et rĂ©volution. Tout livre digne de ce nom est, en un sens, une rĂ©bellion. Lepeletier a Ă©tĂ© au PanthĂ©on. Et vous, en 2250, souhaiteriez-vous y ĂȘtre ? En 2250, en dĂ©pit de la formule de Barbey d’Aurevilly “Pour le climat, je prĂ©fĂšre le ciel ; mais pour la compagnie, je prĂ©fĂšre l’enfer”, je souhaiterais ĂȘtre au paradis. Qui, selon vous, dans les Ă©crivains vivants, mĂ©rite d’y entrer ? Il m’est impossible de parler des vivants le temps seul jugera. Mais je m’intĂ©resserai Ă  ce temple le jour oĂč les cendres de PĂ©guy, catholique et socialiste, dreyfusard, mort pour la France et pour la RĂ©publique, Ă©crivain de gĂ©nie, y seront enfin dĂ©posĂ©es. Vous parlez beaucoup de Dieu. Vous sentez-vous plus catholique ou plus chrĂ©tien ? Je respecte et j’admire la religion catholique. J’espĂšre mourir dans son sein, en croyant ravagĂ© par le doute. Mais je me sens d’abord chrĂ©tien. Vous avez Ă©crit que de tous les faux dieux, c’est le soleil que vous auriez pu adorer. Il y a un peu de paĂŻen chez vous ? J’aime le plaisir, le soleil, la lumiĂšre, la Toscane, les Pouilles, les Ăźles grecques, la cĂŽte turque et les corps – y compris le mien. Je crois aussi que la vie n’est pas seulement une fĂȘte et qu’il y a au-dessus de nous quelque chose de sacrĂ©. Votre dernier livre a pourtant des accents testamentaires vivez-vous dans la conscience de la mort ? Je n’ai pas ressenti mon livre comme un testament. L’idĂ©e de la mort inĂ©luctable est trĂšs loin de m’occuper tout entier. Je l’attends sans impatience et avec une humble espĂ©rance. La vie est peut-ĂȘtre faite pour apprendre Ă  mourir, mais il faut d’abord la vivre. Dans votre roman, vous crĂ©ez un beau personnage de femme, Marie. C’est aussi un livre qui vĂ©hicule beaucoup d’idĂ©es. Ce qui fait vivre les romans, ce sont les personnages Gargantua, Don Quichotte, Julien Sorel, Anna Karenine, le baron de Charlus, AurĂ©lien – et mĂȘme ArsĂšne Lupin. Mais le roman moderne est en train de s’essouffler et de chercher des voies nouvelles. Je ne suis pas un romancier classique. Je ne suis peut-ĂȘtre mĂȘme pas tout Ă  fait un romancier. J’essaie de garder l’élan, l’impatience, l’attente fiĂ©vreuse du roman – qui manquaient tant dans le nouveau roman – et d’ouvrir d’autres chemins. Vous donnez le sentiment de n’avoir jamais souffert, d’ĂȘtre bĂ©ni des dieux. Pourtant, vous avez connu rĂ©cemment la maladie, la souffrance. Cela a-t-il changĂ© votre vision des choses ? Bernard Frank, qui avait beaucoup de talent, m’a dit un jour “Tu ne seras jamais un grand Ă©crivain parce que tu n’as pas assez souffert.” J’ai connu la souffrance, ces six ou sept derniers mois. Je ne suis pas sĂ»r que la dose ait Ă©tĂ© suffisante pour me permettre d’accĂ©der Ă  la dignitĂ© redoutable de “grand Ă©crivain” ! Comment imaginez-vous la France dans cent ans ? Je ne lis pas dans le marc de cafĂ©. Toujours l’inattendu arrive. Une chose est sĂ»re il y aura dans l’avenir des catastrophes inouĂŻes – mais aussi, j’espĂšre, encore un peu de bonheur. Nous avons le choix, dans l’avenir, entre une nouvelle renaissance fondĂ©e sur une science balisĂ©e par l’éthique et un retour Ă  une sorte de Moyen Age en miettes, avec ses clans et sa brutalitĂ© et sans ses cathĂ©drales. Il n’est pas impossible que nous entrions dans un temps d’affrontement et de violence. Mais le pire n’est pas toujours sĂ»r. Je souhaite, dans cent ans, une France rĂ©conciliĂ©e dans une Europe unie et puissante.

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